En plein jeu, c'est un autre son de cloche, mais tout aussi admirable. Laissant de côté ses influences classiques, Hamauzu a écrit des morceaux atmosphériques au pouvoir contemplatif parfois admirable ; c'est le cas du niveau à Edge. Des passages courts mais exquis viennent aussi ponctuer la partie (et j'irai même jusqu'à dire qu'elle en bénéficie largement), comme ce break planant au saxophone lors du niveau au siège de l'ORM. On peut déjà penser qu'un tel degré de qualité fera partie intégrante de
Final Fantasy XIII.
Mais
Dirge of Cerberus, c'est aussi Gackt. En plus d'avoir donné de sa personne, il a offert (enfin, je ne crois pas que c'était cadeau) ce qui en fait la célébrité : sa voix. Deux chansons accompagnent ainsi le joueur, la première en plein jeu ("LONGING") et la seconde lors du générique de fin ("REDEMPTION"). Il va sans dire que la première laisse un sentiment plutôt particulier, car jouer sur du Gackt est une expérience qu'on ne pensait pas accomplir de sitôt, et ce encore moins dans un
Final Fantasy. Mais vu la tonalité du final de
Dirge of Cerberus, c'est relativement cohérent. En fait, je me demande même si ça ne marche pas du tonnerre, mais c'est fort subjectif, vous l'admettrez. En ce qui concerne les chansons en elles-mêmes, qui ont quand même été écrites uniquement pour le jeu, c'est du rock à tendance gothique (surtout pour "LONGING"), mais ce n'est pas une grande surprise venant de Gackt. Après, tout est une question de goûts.
BlablablaLes doublages. On ne peut plus faire sans, désormais. D'autant plus que maintenant qu'
Advent Children est sorti, une grande partie des personnages de l'univers
Final Fantasy VII ont leurs voix. A l'instar du film, on peut considérer que les voix anglaises de
Dirge of Cerberus sont une réussite. Les doubleurs sont généralement plutôt inspirés. Certains, en particulier, donnent à leur personnage une saveur tout à fait particulière, absente de la version japonaise (c'est dire). Le doublage le plus douteux est heureusement celui qu'on entend le moins : mais à quoi pensait Robin Atkin Downes quand il a donné sa voix à Gackt ? Que mettre un petit accent le rendrait génial ? C'est vrai, l'accent russe que Mary Elizabeth McGlynn a donné à Rosso fait toute la différence, comme je l'ai déjà évoqué. Mais n'est pas MEMG qui veut, et encore une fois ce ne sont pas les amateurs de
Silent Hill qui me diront le contraire. J'ai aussi mentionné le doublage anglais de Lucrecia, mais il est toujours bon de le rappeler : April Stewart a fourni une prestation vraiment admirable. Même constat pour Shelke, doublée par la délicieuse Kari Wahlgren (qui nous a également donné une fantastique Ashe dans
FFXII et la chanson de
Drakengard 2), même si elle ne sait presque dire que "Vincent Valentine". Youfie, si elle n'est pas doublée par la même personne que dans
Advent Children (Mae Whitman ici), est moins troublante mais n'en reste pas moins réussie. C'est là qu'on se rend compte que les femmes sont omniprésentes dans le jeu.
Les hommes sont peut-être plus classiques. Les méchants ont généralement des grosses voix de méchants. Un privilège également accordé à Vincent, dont la voix m'avait peu séduite dans
Advent Children. Mais Steve Blum a corrigé le tir avec
Dirge of Cerberus et le résultat est plus convaincant. La voix masculine la plus réussie est sans aucun doute celle de Reeve, à savoir celle de Jamieson Price, qui est à la fois grave et chaleureuse. En ce qui concerne le casting de
FFVII qui apparaît ponctuellement, on sent peut-être moins de conviction que dans
Advent Children... L'inverse de Vincent, quoi. Enfin, les flash-backs donnent l'occasion d'entendre parler le fameux professeur fou, Hojo. Et effectivement, la voix de Paul Eiding le rend totalement cinglé.
Tir réussi ?Mais avant de conclure, êtes-vous capable de prononcer correctement le nom du jeu ? Pendant une conférence avec le scénariste Kazushige Nojima lors de sa venue en France, l'année dernière, une question du public faisait mention de
Dirge of Cerberus, dont le nom prononcé à la française faisait grincer des dents. Alors essayez pour voir. Maintenant, concluons.
Dirge of Cerberus est un jeu assez curieux. Clairement, ceux qui n'ont jamais joué à
FFVII, ou qui ne l'ont pas aimé, peuvent oublier la nouvelle aventure de Vincent. Le principal intérêt est, comme avec
Advent Children, la nostalgie et le plaisir de redécouvrir un univers et des personnages avec qui on a déjà passé quelques dizaines d'heures de plaisir intense. Est-ce que le plaisir est identique avec ce nouvel épisode ? Clairement, non. Impossible de le comparer à son illustre source d'inspiration. En vérité, c'est surtout le
gameplay de
Dirge of Cerberus qui pose problème : il n'est pas désastreux, mais manque clairement d'orientation, de constance et de variété. Peu d'originalités viennent ponctuer les niveaux, qui sont eux-mêmes peu enclins à servir lors de l'action. Néanmoins, la variété de l'arsenal, le rythme soutenu des combats et l'ambiance globale des niveaux n'est pas sans laisser un certain plaisir de jeu. Mais clairement, si vous jouez à
Dirge of Cerberus, ce que vous allez aimer c'est : les graphismes, à la fois très fins techniquement et fascinants artistiquement, les cinématiques en images de synthèse de grande qualité, les étonnantes scènes de flash-back avec Lucrecia et Vincent quand il était encore un Turk, le retour dans des décors familiers, et les somptueuses musiques. Tout ce qui fait de
Final Fantasy une série éblouissante, en fait. Sauf que le petit dernier, un certain
Final Fantasy XII, est lui un ensemble homogène.
Ah oui, aussi :
Dirge of Cerberus ne coûte "que" 40 euros.